Barre d'or

Photo : Realterm / CC BY-SA 3.0

Après l’envolée de ses cours, ces dernière années, l’or s’est à nouveau lamentablement ramassé !
2013 : -28 % ($/once)

C’est une des spécificités de la relique barbare (nom donné à l’or par J M Keynes en 1923) : servir de refuge durant les crises et puis revenir à sa valeur fondamentale, une fois la menace passée ; la dernière menace écartée étant l’éclatement de l’euro en 2011.

Sa valeur fondamentale est déterminée par le coût de son extraction du moment.
Ce coût semble actuellement se situer entre 1 100 et 1 200 $/once (d’après différentes sources).

Au dessus de ce cours, il y a spéculation sur les risques économiques et/ou géopolitiques.
En dessous de ce cours, les mines ne sont plus rentables, elles arrêtent donc de produire, elles cessent d’alimenter le marché et de satisfaire la demande. Ainsi, le cours remonte.
C’est un phénomène d’équilibre économique qui agit.

Ainsi, quand il n’y a pas (ou peu) de crise, comme actuellement, l’or est une valeur qui peut difficilement baisser par rapport au reste des actifs.
Elle reste proche de sa valeur intrinsèque.
Ce qui en fait une parfaite valeur sans risque.
Par contre, il est difficile de concevoir cette matière comme une valeur refuge quand les risques contre lesquels les investisseurs veulent se prévenir sont absents.
Refuge de quoi ? Dirait-on.

À l’opposé, au sommet des crises, l’or est considéré comme la valeur refuge par excellence.
Et quelque part à jute titre, car c’est historiquement la monnaie de référence qui traverse les âges et les civilisations, la matière est rare, son extraction est limitée (contrairement aux devises), en particulier par le coût du travail (les mineurs), par le coût de l’énergie (il en faut beaucoup pour les machines) et par la lenteur des progrès techniques (dans le domaine minier).
Par contre, il est difficile de nier le risque de chute de sa valeur quand celle-ci revient à sa normale (celle dictée par le coût de son extraction).

Maison en ruine

Photo : anyjazz65 / CC BY 2.0

Maintenant, l’or n’est pas le sujet de cet article.
C’est juste l’exemple le plus marquant de la confusion qui règne en matière de sécurité financière.
D’autres actifs et placements ont aussi un rôle de valeur refuge.
De par son volume, comparé à l’or, la pierre est une valeur refuge bien plus importante.
Elle concerne à peu près tout le monde.
Ceux qui en ont les moyens, qu’ils soient propriétaires ou non.
Et les autres qui épargnent en vue d’en acquérir les moyens.

Nous avons aussi vu, ces dernières années, le même phénomène d’emballement des prix dans la plupart des pays du monde.
Et le manque de logement est une explication qui ne pèse pas lourd face au désir des citoyens d’épargner dans la pierre, faute de placements rémunérateurs et rassurants disponibles.

Les obligations ont vu en 20 ans leurs rendements s’écrouler, les actions furent extrêmement malmenées durant la dernière décennie et les scandales politiques et financiers à travers le monde sont venus compléter ce très sombre tableau.
Le vrai moteur, comme pour l’or, fut la peur !
… Un besoin irrépressible de tangible et de palpable (et pour la pierre, de trop lourd pour être volé !).

Par contre, là où l’or met un à deux ans à retrouver sa valeur intrinsèque (2012 et 2013), l’immobilier va s’en accorder cinq (2013 ~ 2018). Deux raisons à cela :

  • l’extrêmement faible liquidité de l’immobilier due aux frais de transaction (notaire, agent immobilier) et au délai de plusieurs mois entre le décision de vendre et l’encaissement du produit de la vente ;
  • l’ignorance de la plupart des gens des cycles de prix dans l’immobilier, en particuliers des primo-accédants qui n’ont jamais connu la baisse et freinent ainsi la correction des prix.

 

Conclusion 1 : un actif refuge devient risqué quand il joue son rôle !

Conclusion 2 : le meilleur moment pour acquérir un actif refuge, c’est quand il n’y a pas de crise !

Conclusion 3 : sur les marchés, la peur est un moteur aussi puissant que la cupidité et les bulles spéculatives engendrées sont tout aussi fortes. De même, la peur est tout aussi irrationnelle, ce qui rend l’éclatement de la bulle aussi peu prévisible.

Conclusion 4 : en temps de crise, prendre le risque d’acquérir ou de conserver un actif refuge est avant tout une question d’opinion personnelle. Cependant, mon rôle de conseiller serait plutôt de vous recommander de mettre de coté vos sentiments et d’éviter de participer aux bulles !