Aujourd’hui, bien malin qui pourra prédire si la Grèce va quitter ou rester dans l’Union Monétaire.
En effet, on assiste à présent à une accélération du jeu politique avec des déclarations de plus en plus contradictoires de la part des dirigeants impliqués.
Ces derniers jours, la volatilité sur marchés ne grimpe pas par hasard.
Intéressons-nous à l’après Grexit, puisque c’est une option.
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LES CONSÉQUENCES À COURT TERME
Ma modeste opinion personnelle me laisse penser que le risque systémique (dans le monde financier) est écarté.
Et c’est bien la différence avec les prémices de la crise en 2010-2011.
Pour quelles raisons ?
J’imagine que la BCE a levé le pied sur ses achats d’obligations en avril (d’où le mini-crash), afin d’avoir la capacité d’en acheter plus si la Grèce sort (sans pour autant acheter celles de la Grèce puisque c’est par avance exclu).
Même si la BCE a avancé une autre raison : anticiper la moindre demande en obligations durant l’été, il m’est difficile de croire à une explication aussi mineure.
Le risque, c’est bien la Grèce et non, les vacances des investisseurs institutionnels !
Concernant le secteur privé, il ne détient plus qu’un quart de la dette grecque en circulation.
Et surtout, depuis 2011, le défaut éventuel a pu largement être provisionné par les détenteurs d’obligations.
Concernant la BCE, son bilan lui permet toujours largement d’imprimer des milliards !
Concernant le FMI, je me dis qu’absorber des faillites fait partie de son rôle.
C’est un instrument politique et non un « centre de profit » !
Bien sûr, les asiatiques seront contrariés par le fait de financer un pays européen.
Chacun son tour (crise asiatique de 1997) !
En conséquence, je crois que le monde de la finance est paré pour le Grexit.
Certes ! Cela n’empêchera pas les marchés de plonger durant quelques jours par peur de l’inconnu.
Néanmoins, une sortie de la Grèce pourrait aussi être interprétée positivement par les investisseurs, car ce qui se passerait en Grèce devrait rapidement refroidir les quelques européens qui n’ont pas compris ou qui ont oublié ce que sont les ambitions de l’extrême gauche.
Je pense en particulier aux espagnols qui le week-end dernier, ont fait la part belle à Podemos, leur parti d’extrême gauche, dans leur élections locales.
En effet, avec le Grexit, on assisterait à la parfaite démonstration d’un peuple qui tourne le dos à l’argent, avec les conséquences suivantes :
- disparition des repères sociétaux,
- plus d’échelle de valeurs,
- la confiance anéantie,
- le marché noir,
- impossibilité d’emprunter
- et d’investir,
- une monnaie locale rejetée par sa population (la drachme ?),
- l’euro qui continuerait à circuler,
- des impôts impossibles à lever,
- des fonctionnaires non payés mais qui, malgré tout, décident ce qui est bon ou pas pour les individus,
- la jeunesse qui s’expatrie,
- finalement l’anarchie en préalable à la dictature.
Citoyens grecs, vous pouvez tenter l’expérience !
Mais franchement, ce n’est pas la peine de vous sacrifier.
On dispose encore de Cuba et de la Corée du nord pour nous rappeler que cela ne fonctionne pas.
LES CONSÉQUENCES À LONG TERME
Au delà de ce qui se négocie actuellement, les enjeux bien plus forts que les conditions de vie de quelques 10 millions de grecs.
C’est l’effet de contamination au reste de l’Europe et ainsi l’avenir de l’Europe qui se joue au travers de cette crise.
En effet, les menaces contre l’unité européenne n’ont jamais été aussi présentes depuis l’après-guerre :
- l’extrême gauche au sud ;
- l’extrême droite à l’est ;
- ainsi que dans une moindre mesure en France (Le Pen au second tour en 2017 est bien probable)
- le référendum britannique sur la sortie de l’Union avant fin 2017
Alors d’un côté, si les institutions européennes cèdent à l’extrême gauche grecque, elles feront la démonstration que voter aux extrêmes est une solution profitable pour les électeurs.
Si au contraire, elles restent ferme sur leur position, la démonstration de l’inutilité et même la dangerosité du vote extrémiste sera faite.
Et ceci que la Grèce reste ou quitte l’Union Monétaire.
Néanmoins dans le second cas, la responsabilité des institutions européennes sera pointée du doigt.
Et cela se transformera aussi en démonstration que l’Europe peut lâcher un de ses peuples dans la détresse.
Ce qui apportera encore de l’eau au moulin des eurosceptiques.
Nos dirigeants doivent donc choisir entre la peste et le choléra.
Et dans pareil cas, la meilleure solution pour un homme politique, c’est de se déresponsabiliser.
Ne pas choisir, laisser choisir les autres le faire ou mieux, laisser le destin s’accomplir !
C’est d’ailleurs, le plus grand risque actuel s’il ne se passe rien.
Et c’est aussi la plus belle opportunité si cela se règle avec un rédérendum sur le maintien dans l’Euro en Grèce.
Si l’issue se trouve dans la négociation, le meilleure résultat serait un compromis moyen pour les deux parties.
Avec à la clés des protagonistes qui ne fanfaronneront pas trop sur l’accord trouvé.
Du côté de l’Europe, la discrétion sera de rigueur.
Une fois l’accord trouvé, la crise grecque sera vite rayée des actualités, pour ne pas dire des livres d’histoire !
Du côté de la Grèce, cela devrait être le contraire.
En tout cas, tant que Syriza sera au pouvoir.
Les grecs auront peut-être droit à trois jours de fêtes nationales !
juin 2nd, 2015 le 12 h 35 min
Dernière nouvelle : on s’acheminerait vers un accord en deux temps.
Une partie ces jours-ci et une partie l’automne prochain sur les points les plus bloquant.
Je disais bien que le mieux pour nos dirigeants était de ne rien faire !