L’origine de la crise

Saint Antorin en Grèce

Photo : George M. Groutas / CC BY 2.0

En 2001, l’adoption par la Grèce de l’euro comme monnaie nationale est certainement un des facteurs à l’origine du creusement catastrophique du déficit Grec. La politique monétaire de l’Europe, gérée par la Banque centrale européenne (BCE), a élevé le niveau de confiance entre les Etats, les amenant à emprunter entre eux avec une relative sérénité.

La Grèce a vécu une période de prospérité artificielle et insouciante où se sont conjuguées dépenses publiques élevées et faibles recettes, rémunérations relative élevées et faible productivité, diminution des exportations, évasion fiscale et corruption… autant de facteurs qui ont contribué à creuser la dette de la Grèce au cours de la dernière décennie. Pour y faire face, la Grèce a donc emprunté aux autres états membre pour couvrir le budget de son gouvernement et le déficit public des comptes courants.

Ainsi, pendant des années, le déficit du PIB est toujours resté supérieur à 100%, ce qui est largement au dessus de la barre des 60% décidée par le pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne. Ce n’est qu’en 2009, lorsque le nouveau gouvernement de Monsieur Papandréou a révisé l’estimation du déficit budgétaire de son gouvernement, doublant quasiment l’estimation en cours de 6,7% à 12,7% du PIB, qu’a sérieusement été remise en question la capacité de la Grèce à rembourser sa dette.

Pour éviter la lourde pénalité de 0,5% du PIB pour violation du pacte de stabilité et de croissance de l’UE, le gouvernement grec a alors emprunté hors zone Euro et s’est adressé à la banque américaine Goldman Sachs pour l’aider à masquer la véritable ampleur de son déficit. Le choix s’est porté sur une transaction de produits dérivés. Un échange de devises dans laquelle la dette publique émise en dollars et en yens a été troquée temporairement par de la dette en euros pour ensuite être re-échangée en monnaies d’origine à une date ultérieure. Mais pour spéculer d’avantage, les banquiers américains ont monté un système impliquant des taux de change fictifs permettant ainsi à la Grèce de recevoir une somme bien plus élevée que la valeur marchande réelle de l’euro. Goldman Sachs a ainsi pu, par son montage, consentir discrètement un crédit supplémentaire de près d’ 1 milliard de dollars au gouvernement Grec…

La crise

Crise grecque

Photo : geralt / CC0 Public Domain

Cependant, en 2010, les indices d’endettement étant de plus en plus visibles, les trois grandes agences de notation – Standard & Poor, Moody et Fitch, ont dégradée la solvabilité de la Grèce. Les rendements obligataires grecs ont alors augmenté indiquant une nette baisse de confiance des investisseurs dans l’économie grecque.
Dans un effort pour restaurer la confiance des investisseurs, le gouvernement Papandréou a entamé une série de vastes mesures d’austérité budgétaire. Cependant, la combinaison des réductions de dépenses et des augmentations d’impôts n’a pas suffisamment rassuré les investisseurs pour permettre à la Grèce de lever les fonds dont elle avait besoin pour assurer les paiements de sa dette arrivant à échéance. Finalement, le 23 avril 2010, la Grèce se voyait contrainte de demander une aide financière d’urgence de 45 milliards (60 milliards de dollars) aux membres de la zone euro et au FMI afin d’éviter de se retrouver en défaut de paiement.

Pour soutenir au mieux la Grèce, les pays de la zone et le Fonds Monétaire International ont alors convenu d’un prêt de 110 milliards, échelonné en plusieurs tranches et conditionné à la mise en œuvre par l’état Grec de sévères mesures d’austérité.
Ce premier prêt n’a malheureusement pas suffit à rassurer les investisseurs tandis que les mesures radicales d’austérité ont conduit le peuple grec dans la rue durant de long mois, aggravant d’autant la situation de crise et enfonçant un peu plus le pays dans le rouge.
Finalement, le 21 juillet 2011, un accord des Etats membres avec l’aide du FMI débouche sur une rallonge supplémentaire de 109 milliards d’euros (hors fonds privés) pour venir au secours de la Grèce.

Impact sur ​​le marché européen

Bien que la Grèce ne représente que 2,5% de l’économie de la zone euro, sa dette astronomique a sérieusement remise en question la solidité économique de l’Union européenne. La crise a notamment soulevé des inquiétudes quant à la crédibilité d’ autres pays européens tel l’Irlande, l’Espagne et le Portugal contraignant ces derniers à eux aussi prendre d’urgence des mesures d’austérité pour réduire leur déficit budgétaire et ne pas se retrouver en situation de faillite.

La crise a également permis de mettre en lumière le recours par les différents gouvernements grecs, d’ instruments financiers complexes pour dissimuler le véritable niveau d’endettement de la Grèce. Le rôle de ces instruments financiers a été mis en évidence lors de divergences de point de vue entre les Etats-Unis et l’UE sur la régulation financière mondiale. Certains dirigeants européens ont ainsi appelé à une régulation financière plus stricte, y compris une interdiction sur les produits dérivés financiers soupçonnés d’avoir fortement contribué à la crise de la dette Grecque.

Cependant, si l’issue de cette crise sans précédent se passe bien, il pourrait y avoir un impact positif sur certains pays de l’Union. Beaucoup s’accordent à dire que la diminution attendue des investissements dans la zone euro, entraînera un affaiblissement de la valeur de l’euro en devises étrangères. Un euro plus faible verrait vraisemblablement une augmentation des exportations et donc une réduction du déficit commercial des pays européens les plus dynamiques, relevant ainsi leur compétitivité et leur croissance.

La conséquence pourrait donc être une valorisation des placements actions de la zone euro quelle qu’en soit l’enveloppe, que ce soit dans le cadre d’un PEA ou de support d’assurance vie.
Bien entendu il s’agit là de l’hypothèse où tout se passe bien car si la Grèce se retrouve en défaut de paiement, le scénario inverse se produira et les détenteurs d’actions et assurances vie verraient alors une dévalorisation de leur placements…

On retiendra donc que la politique économique d’un seul pays peut affecter l’ensemble de la zone Euro et qu’une crise à cette échelle pourrait malgré tout avoir un impact positif sur les placements financiers européens à condition que… la Grèce puisse rembourser.