Dès l’intention d’ouverture d’un contrat d’assurance vie se pose la question de savoir sur quels supports va t-on investir son épargne ; fonds en euro uniquement, unités de comptes uniquement ou les deux à la fois ?
Nombreuses sont encore les personnes qui, sans hésitation, sélectionnent le fonds en euros par défaut du contrat qu’elles souscrivent. Ce choix vient souvent d’une comparaison entre le rendement d’un contrat en euro et celui du Livret A… on prends peu de risque avec de modestes ambitions, espérant faire du 2 ou 3%.
Aujourd’hui, avec un taux de Livret à 1% il est clair que même avec les taxes de ci de là, en déposant sur un contrat suffisamment ancien ou en ouvrant un contrat avec l’objectif d’y placer son épargne (et non sa trésorerie), le rendement d’une bonne assurance vie supplante avantageusement le Livret A. Et ce, quand bien même, la situation actuelle de baisse des taux et de déflation en Europe, et dans le Monde, amène les assureurs à servir un taux de plus en plus contenu de leurs fonds en euro.
Les personnes plus averties savent qu’ils n’y a pas de performance élevée sans prise de risque. Cependant ce risque, s’il est correctement anticipé et appréhendé, ne pose pas de soucis majeur, surtout lorsqu’il s’agit de capitaliser son épargne sur le long terme. Investir dans des unités de compte s’avère donc la stratégie à suivre pour qui veut de la performance, rien n’empêchant de placer une partie de l’épargne sur un fond en euro pour celles et ceux qui ne seraient pas encore totalement convaincus.
Mais voilà, de la théorie à la pratique il y a un fossé. Quels supports choisir ? Quels types de fonds ? Dans quel secteur ? Quand faut il arbitrer ? etc.
Les assureurs fournissent des modèles type d’allocation d’actifs. Organisés en trois catégories, ils ont vocation à inspirer les clients dans leurs choix afin de construire un portefeuille prudent, équilibré ou dynamique, en fonction de leur propre aversion au risque.
Toutefois, ces modèles, pour rester compétitifs, évoluent constamment et font l’objet d’arbitrages réguliers de la part des équipes en charge de leur gestion, même s’il ne s’agit que d’exercices fictifs.
Au final, par inexpérience et, peu ou prou, par manque de temps, les personnes un peu plus averties que celles qui n’investissent que dans les fonds en euros, sélectionnent des fonds dans le profil qui est le leur (quand celui-ci a bien été établi) ou qu’elles pensent être le leur, et n’y touchent plus pendant plusieurs années, se félicitant simplement d’avoir investi en multi-supports…
Partant de ce constat, début 2012, nous avons décidé de proposer nos propres portefeuilles modèles, selon notre propre vision des choses. Le but étant de démontrer la pertinence des unités de comptes dans un contrat d’assurance vie, et de fournir une base de réflexion aux investisseurs les plus autonomes, lesquels y prendront ce que bon leur semble.
L’idée a été de faire simple ; une allocation d’actif établie en début d’année et arbitrée le moins souvent possible.
A partir d’un panel de fonds que nous suivons, deux modèles « tout-terrain » ont donc été construits, l’un pour le contrat d’assurance vie en ligne e-novline, l’autre pour le contrat haut de gamme Himalia. En 2012, la performance des portefeuilles modèles a été à la hauteur de nos attentes avec des rendements annuels dépassant les 15%. Le résultat d’un suivi quotidien, rigoureux et… d’un peu de chance aussi. Cependant, le problème que nous avons relevé fut que peu de nos utilisateurs suivaient les changements, et qu’il fallait que notre système ou nous-même intervenions pour prévenir les personnes concernées des arbitrages réalisées, afin qu’elles corrigent (arbitrent) leurs propres allocations d’actifs. Mais, comment savoir qui était concerné ? De même un arbitrage se fait avec pondération et celle-ci ne peut se faire qu’en tenant compte de l’ensemble des fonds détenus par le portefeuille. Selon les supports des contrats de nos clients, l’arbitrage de tel ou tel fonds n’était pas forcément pertinent…
Nous avons alors décidé de faire encore plus simple, et de ne faire qu’un seul arbitrage en début d’année*, quitte à passer en négatif sur certains fonds durant l’exercice, et réduire la performance finale. De par ce choix, peut être terminerons nous l’année 2015 (ou une autre à venir) avec un rendement très faible, mais, même en prenant le risque de figer l’allocation d’actifs sur l’ensemble de l’année, je doute que nous fassions moins bien que le taux en euro de base des contrats.
Certes, certains vont hurler que ce n’est pas un exemple à suivre, mais la réalité est là, les gens n’ont pas le temps de suivre les marchés et les conséquences des rendez-vous économiques, et de fait, délaissent le suivi de leurs fonds… si ce n’est une fois par an, en début d’année, en se posant la question de savoir « combien ils ont gagné »…
Ainsi, la mise à jour éventuelle des portefeuilles modèles début janvier (leur arbitrage), en même temps que la mise en ligne de leur performance sur l’année écoulée, a la certitude d’être vue. Chacun peut alors en faire ou en déduire ce qu’il veut, quel que soit son niveau de connaissance ou d’expérience car, encore une fois, un portefeuille type est un modèle mis à disposition. Il peut être suivi en tout ou partie mais sa finalité est avant tout d’être un outil de démonstration et d’aide à la décision.
Pour ce qui est des performances de nos portefeuilles types, nous sommes loin de celles de 2012, et en dessous de l’année charnière 2013 d’environ 2 points, mais les rendement de 7,47 % pour le portefeuille LBF Azur et de 10,54 % pour le portefeuille LBF Premium démontre que cette stratégie fonctionne. Encore une fois, ce n’est pas la meilleure, ni la plus optimisée, mais elle fonctionne et elle répond surtout à la problématique et à l’attente d’une majorité d’investisseurs qui n’ont pas le temps de suivre leurs fonds.
Quid des gestions pilotés ? Pour moi ce n’est pas rentable, on paye un service qui va certes arbitrer « au mieux » (en théorie), en fonction de la conjoncture et du profil du client, mais les seules certitudes que l’on a sont que d’une part on va payer le service et les arbitrages, et d’autre part qu’il y aura plusieurs arbitrages dans l’année, parfois d’une pertinence contestable…
Le rendement final, lui, n’est pas garanti, et il peut arriver que le portefeuille perde de l’argent (vécu par un client). Les performances des gestions pilotés restent confidentielles et donc ne suscitent aucune compétition sur ce point entre les différentes sociétés de gestion, pire, en cas de « mauvais pilotage » il n’y a aucune sanction publique puisque aucune visibilité. La tendance de ces gestionnaires est d’ailleurs de coller aux marchés, ce qui n’est pas très compliqué avec le risque que cela comporte, mais qui leur permet de justifier un arbitrage dès la baisse d’un fonds et d’encaisser, de fait, les frais d’opérations qui rentabilisent cette option…
Pour conclure, je dirais que le détenteur ou le souscripteur d’un contrat d’assurance vie doit apprendre à construire son allocation d’actifs, et ne pas déléguer cette action. Avec un minimum de connaissances, il peut s’inspirer de portefeuilles modèles en tenant bien compte que les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Nos portefeuilles types sont conçus pour cela, mais outre le fait de présenter un exemple d’allocation d’actifs éligibles au contrat concerné, ils ont surtout pour ambition de démontrer qu’un contrat d’assurance vie investi uniquement en unités de compte (UC), même au sein de portefeuilles « tout-terrain » comme les nôtres, peut faire mieux sur le long terme qu’un contrat investi « sans risque » sur un ou plusieurs fonds en euros.
Ceci étant écrit, aucun portefeuille type, quel qu’il soit, ne peut égaler le conseil personnalisé d’un conseiller en investissement financier, qui s’inscrit dans le cadre du processus de suivi client, que se doit de faire tout conseiller en gestion de patrimoine (CGP). Ce dernier peut ainsi, tout au long de l’année, informer son client d’un arbitrage potentiel à réaliser ou lui proposer une nouvelle allocation d’actifs, toujours conforme à son profil et son aversion au risque.
S’inspirer de portefeuilles modèles permet de garder son autonomie, mais ne remplace pas le conseil avisé d’un professionnel.
* Sauf évènement majeur sur un fonds nécessitant son arbitrage d’urgence.
Performances 2012-2019 :
Performance | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | Sur 8 ans |
Modèle Azur | 18,92 % | 9,11 % | 7,47 % | 9,74 % | 6,34 % | 8,82 % | -18,76 % | 27,75 % | 8,67 % /an |
Modèle Premium | 20,94 % | 11,62 % | 10,54 % | 9,83 % | 9,37 % | 7,81 % | -18,92 % | 26,12 % | 9,66 % /an |
avril 18th, 2015 le 21 h 06 min
Très intéressante votre analyse, merci de la faire partager.
Craven
mai 9th, 2015 le 18 h 40 min
Si, en tant que particulier, vous vous interrogez sur la pertinence de n’arbitrer qu’éventuellement une fois par an, sachez qu’il est souvent plus rentable de rester investi plutôt que de tenter de spéculer à chaque correction de marché. Les statistiques le prouvent.
Si vous n’êtes pas absolument certain d’être dans le bon timing lorsque vous passez vos ordres d’arbitrage, ne touchez à rien, c’est la meilleure chose à faire.
Pour illustrer mon propos, je citerai Peter Lynch :
« Far more money has been lost by investors preparing for corrections, or trying to anticipate corrections, than has been lost in corrections themselves. »
février 14th, 2016 le 18 h 12 min
Et en 2015 quelle performance?
Pour cette année, je ne crois pas que votre stratégie puisse fonctionner, la nervosité des marchés demandera de nombreux arbitrages pour obtenir un bon rendement.
février 15th, 2016 le 10 h 29 min
Pour 2015 : 9,74 % (Azur) et 9,83 % (Premium)
En fait, il ne s’agit pas vraiment d’une stratégie mais plutôt de la démonstration qu’il est possible d’obtenir de la performance en n’arbitrant son portefeuille qu’une fois par an.
Pour 2016, oui il se peut que les portefeuilles modèles finissent en perte, mais d’une part les arbitrages de janvier devraient limiter la baisse si cela devait être le cas, d’autre part cet éventuel rendement négatif ne viendrait pas amputer le capital de départ, mais la confortable plus-value générée ces 4 dernières années.
Enfin, un mauvais rendement sur une année difficile n’est pas de nature à remettre en cause mes convictions, et pour l’heure, même si je m’attends à une baisse de rendement, rien n’indique que la performance 2016 sera mauvaise pour autant :-)
janvier 16th, 2018 le 12 h 04 min
Pour faire suite à mon commentaire précédent, et contre mon attente, en 2016 le portefeuille Azur a délivré une performance de 6,34 %, malgré un fonds ayant clôturé en négatif. Le portefeuille Premium a quant à lui délivré une performance de 9,37 %, deux fonds sur neufs ayant clôturé en négatif.
En 2017, Azur a délivré une plus-value de 8,82 %, un fonds sur six ayant clôturé en négatif, tandis que Premium a fini à 7,81 %, deux fonds sur huit ayant clôturé en négatif (NB : les fonds en perte n’étaient pas les mêmes en 2016 et en 2017).
L’exercice démontre donc bien, depuis le début, que la diversification alliée à une sélection opportune maintient une performance honorable malgré des UC en négatif et aucun arbitrage durant l’année calendaire.
avril 19th, 2021 le 17 h 36 min
En 2020, le portefeuille AZur a terminé à +4,08 % et le portefeuille Premium à +23,75 % !
La performance moyenne sur 9 ans du portefeuille Azur d’établie donc à 8,16% et celle du portefeuille Premium à 9,66 % !